Notre existence est une suite de rêves que l’on réalise pour pouvoir en faire d’autres. Cela pourrait être une définition de la liberté. Certains diront que cela ressemble à de l’égoïsme mais selon moi, pour être heureux en communauté, il faut avant toute chose être profondément épanoui seul. Je ne fais alors que reprendre la maxime du prophète Bouddha, qui nous apprend sereinement que “le bonheur n’est pas chose aisée et, s’il est très difficile de le trouver en soi, il est impossible de le trouver ailleurs”. Paradoxalement, afin de le trouver en soi, nous avons parfois besoin de partir ailleurs. Mon rêve de jeune adulte était de faire le tour du monde, de découvrir notre planète si vaste, ses cultures, ses paysages… Mon rêve était de prendre mon sac à dos et de partir, de partir loin, de partir seule… mais pourquoi ? Une quête de soi, c’est certain, traduit cette soif d’aventures, cette soif de vivre chaque instant, de remplir ses journées par peur de gâcher son temps, de perdre son temps. Ce dernier, une denrée si riche et si rare de nos jours. Comment le gérer ? Comment le rentabiliser, avec qui et où ? Je suis née dans les quartiers de Seine-Saint-Denis dans la banlieue parisienne, département constellé d’immeubles, étouffé de pollution, de colère, de tristesse et de peur. La peur de l’autre, la peur de gâcher son temps dans cette région grisâtre tant par sa météo que par sa population, se retrouvant ici le plus souvent non par choix mais par obligation. Personne ne se dit bonjour, tout le monde s’habille en couleurs sombres comme pour signaler le deuil de sa vie. Vie mise entre parenthèses afin de répondre soi-disant à l’exigence sociétale : le travail. A vingt ans, j’ai donc décidé de prendre le contre-pied de ce carcan, d’interrompre mes études, de dire adieu pour un an à mes parents, mes amis et à ma vie de banlieusarde. Une vie qui m’étouffait, une vie où je tournais en rond en mode automatique, comme le poisson rouge dans son bocal qui n’aspire à rien d’autre car il ne connaît que ça et ne s’est fixé aucun rêve. Selon mon père “on voyage autour du monde à la recherche de quelque chose et on rentre chez soi pour le trouver”. Mon père est magnétiseur, je baigne ainsi depuis toute petite dans l’ésotérisme ou, de manière plus prosaïque, dans tout ce que l’homme ne peut expliquer. Il est convaincu que tout le monde peut se soigner et que chacun a toutes les capacités en lui-même pour devenir heureux et être en bonne santé.